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Elisabeth, la femme peintre dans la Lumière

E.Vigee-Lebrun

Comme ça, à la volée, si je vous demandais de citer une artiste peintre du Siècle des Lumières, quelle est la femme peintre que vous pourriez nommer, et combien pourriez-vous en citer ?

L’Académie commande

L’Académie Royale de peinture et de sculpture décide presque tout en matière de peintures. Et pendant longtemps, elle décide aussi que la femme peintre ne peut y entrer. Quand, en 1783, les portes s’ouvrent enfin pour deux d’entre elles, l’Académie entend lui refuser de travailler la peinture d’histoire et les séances avec des modèles vivants. Pour résumer, la femme peintre est tolérée à condition qu’elle accepte que son travail soit organisé et encadré suivant des principes bien établis et plus restreints que pour les hommes. Les sujets, les conditions de travail et les lieux d’exposition sont un chemin d’embûches pour la peintre femme.

Les interdictions faites à la femme peintre

Bouquet de fleur par la femme peintre Anne Vallayer-Coster
Bouquet de fleurs dans un verre d’eau – Anne Vallayer-Coster

Les nus sont donc un sujet auquel le femme peintre n’a pas le droit de toucher. On lui préfère la représentation des fleurs. Pour l’Académie, les fleurs sont dans danger, il ne s’agit pas d’une peinture d’histoire où la question politique ne saurait être peinte par une femme. Il ne s’agit pas non plus de représentation humaine car on refuse aux femmes de travailler d’après des modèles vivants. Donc les fleurs c’est bien.
Charles Landon, artiste peintre de la seconde moitié du XVIIIè sicèle, a écrit :

« l’étude des fleurs et des plantes en général, ainsi que l’art d’en retracer les formes et les nuances, [qui] conviennent, sous tous les rapports, à un sexe délicat, modeste et paisible ».
Il parle des femmes, bien évidemment.

Académie de Saint-Luc

Simon Vouet
Simon Vouet – Autoportrait

Un grand nombre de femmes peintres sont inscrites à l’académie de Saint-Luc. Cette académie avait été remise en état de fonctionnement par Simon Vouet. Elle avait un fonctionnement semblable aux confréries dont le but était de dispenser des cours aux jeunes artistes par des peintres et des sculpteurs confirmés et reconnus. La confrérie organisait également des salons et des concours. Elle faisait appliquer une règlementation sur la pratique artistique, notamment l’interdiction qui était faite aux artisans de copier les œuvres anciennes sans autorisation de la confrérie. Ceci afin de bien faire la différence entre les vrais artistes et les amateurs. Au XVIIIème siècle, la reconnaissance de l’artiste ne se fait pas seulement sur la base du talent mais tout autant sur celle de la reconnaissance par les pairs. C’est fut un très grand obstacle pour la reconnaissance de la femme peintre.

Le portrait par une femme

la femme peintre Marguerite Gérard
Marguerite-Gerard-Portrait-homme-avec-un-grand-livre

Pendant le dernier quart du Siècle des Lumières, plusieurs femmes vont tout de même s’adonner aux portraits et vont même parvenir à une certaine notoriété. La reconnaissance de l’Académie ne sera pas acquise pour autant avant 1783. Ce coup de pouce est dû à la disparition en 1777 de la corporation des peintres, la confrérie de Saint-Luc, et qui obligera les femmes inscrites dans cette corporation à trouver d’autres moyens de se faire connaitre, de travailler et de gagner leur vie.

Élisabeth Vigée Le Brun, la femme peintre

Elisabeth Vigée-LE Brun
Elisabeth Vigée LE Brun Autoportrait à 16 ans

En 1755, à sa naissance, la petite Elisabeth est confiée à une nourrice pendant six années. Au XVIIIè siècle, cette pratique de confier le nouveau-né à une nourrice était extrêmement répandu. Une habitude que l’on trouvait aussi bien dans les classes aisées que dans les classes populaires les plus pauvres. Ce ne fut pas sans dégâts sanitaires et humains comme nous avons pu l’écrire dans notre article sur l’enfance en lumière.
Au bout de six années en nourrice, l’enfant est confiée à un couvent pour y être instruite et éduquée. Pendant cinq années, dans ce couvent, elle va exprimer un talent pour le dessin qui sera remarqué par son père voyant là une future grande artiste.
Elle aime dessiner des portraits et bien qu’adolescente, elle donne à cet art une vision très apaisée et très mature. Les expressions des visages sont très humaines. L’analogie avec la photographie des premières décennies est frappante par sa capacité à saisir les regards et à capter les sentiments du modèle.
Jeune au décès de son père qui fut son premier professeur, elle a la chance de poursuivre sa formation avec des peintres célèbres qui lui permettront également d’aller dans les collections privées pour travailler la copie. Ses archives personnelles redent compte d’un grand nombre de portraits quelle réalise alors qu’elle n‘a que 17 ans. Le rythme des commandes est soutenu avec une moyenne d’un tableau toutes les deux semaines.

Un sommet et une pente vertigineuse

LA femme peintre Elisabeth Vigée-LE Brun
Elisabeth Vigée Le Brun – autoportrait à 27 ans

Au moment de son mariage avec un marchand d’art, elle a 20 ans. Deux années plus tard, elle se fait remarquer par la reine Marie-Antoinette et devient sa peintre officielle. Elles ont le même âge. C’est en grande partie grâce à la reine qu’elle sera enfin admise à l’Académie de peinture. Elisabeth Vigée Le Brun se fiche des barrières qui lui sont imposées dans cette académie. Elle présente sa peinture de réception « La Paix ramenant l’Abondance » par une peinture d’histoire où prend place un nu, enfin un sein nu ! Deux des interdictions que l’Académie avait formulées à l’encontre des femmes peintres.
Les années 1780 sont pour elle un triomphe, elle vend ses portraits à la haute société, souvent très cher et sa réputation est excellente dans les salons et les milieux aisés. Cette image de puissance lui renvoie l’idée qu’il s’agit d’une période où la femme par son triomphe, règne enfin. Triomphe qui sera sapé par la Révolution, dit-elle.

L’égalité pour la femme peintre, enfin ?

La femme peintre Elisabeth Vigée-LE Brun
Elisabeth Vigée Le Brun Autoportrait en 1808

Nous savons malheureusement que les salons littéraires tenus par des femmes et la présence de deux ou trois femmes peintres à l’Académie ne sont pas suffisants pour considérer que l’égalité des sexes est acquise à une société. Encore moins qu’il s’agit du règne des femmes. Cette femme, Elisabeth Vigée Le Brun, se sentait libre et forte car son expérience de la vie lui faisait sans cesse la démonstration que son talent pouvait servir sa cause et lui donner le sentiment d’être libre et indépendante. C’était compter sans l’entregent dont toutes les femmes étaient tenues d’user et d’abuser. La capacité à se faire valoir dans une société où ce sont les hommes qui décident n’est par égalitaire par principe. Quid de celles qui n’ont pas de talent, quid de celles qui n’ont pas de relation.
A la Révolution, Elisabeth Vigée Le Brun s’enfuie avec sa fille. Son exil passe par Rome puis Vienne et la Russie. Sa renommée lui permet d’être accueillie en tant qu’artiste. Les demandes de portraits sont présentes partout où elle s’arrête, ce qui lui permet de subvenir à ses besoins.
Retirée de la liste des Emigrés en 1800, Elisabeth peut enfin rentrer en France dès 1802.
Elle s’éteint le 30 mars 1842, elle a presque 87 ans.

Pour réfléchir tout en peignant

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Les lumières de l’Histoire

Les lumières de la table

Il est impossible de savoir si la première femme ou le premier homme ont vu l’intérêt du foyer comme une source d’éclairage, une façon de chauffer, de cuire sa nourriture ou encore d’écarter les prédateurs. Probablement les trois. Ils ne savaient pas qu’ils entraient dans Les lumières.

La grotte illuminée

Les lumières de la torcheLes lumières et les luminaires à disposition des artistes des grottes ornées démontrent que des lampes, statiques ou non, étaient disposées et aménagées en fonction des usages. Dans les grottes ornées du Paléolithique supérieur, on les retrouve sur les parcours ainsi que dans les zones ornées. Au vu de leur très faible nombre et de leur capacité d’éclairage très réduit, les scientifiques penchent pour un usage limité des lampes mais celui beaucoup plus répandu des foyers et des torches. Leur capacité d’éclairage est supérieure et peut suivre l’artiste. Dans son usage, la torche se distingue nettement du foyer car elle sert exclusivement à l’éclairage.
Les combustibles sont généralement la graisse pour les lampes, les os pour les foyers et la résine pour les torches. Leur présence était complémentaire les unes des autres. D’une part dans leur mobilité et d’autre part dans leur emploi. Par exemple, un petit foyer peut être mobile, il peut éclairer et servir aussi à rallumer les autres luminaires.
Concernant les lumières dans les grottes ornées, comme Chauvet, elles montrent des mouchages de torches. Les torches sont toujours faites de bois résineux réputé pour leur grande charge en résine. On connaît depuis l’Antiquité la réputation des bois gras. Il s’agit de torches réalisées dans les parties de l’arbre particulièrement chargées en résine. Souvent on choisi de laisser les souches dans le sol après abattage, cela les concentre en résine. D’autres bois gras sont fabriqués par un écorçage spécifique et régulier qui force les fibres à se charger en résine. Cet écorçage fait mourir l’arbre qui  est fortement constitué de bois gras. Le bois gras est tellement concentré en terpènes qu’il s’enflamme même mouillé.

Les lumières de la graisse

Les lumières de la flammeLes lampes à graisse sont désignées par un ustensile présentant soit une cuvette soit un fond assez plat et dont la forme permet d’y placer le combustible en contact avec une mèche alimentée par capillarité. Si la graisse s’écoule vers la mèche, on dit que la lampe est ouverte. Si le combustible est retenu par des bords et présente une forme de godet, on la dit fermée. Il existe des lampes avec un creusement très minime, voire plat, on parle alors de plaquette et non de godet.
Aux périodes les plus anciennes, les lampes à graisse sont réalisées dans des roches qui présentent naturellement une aspérité. Les améliorations ont conduit les hommes du paléolithique supérieur à produire eux-mêmes les formes et les lumières qui les intéressaient. Avec une cuvette plus ou moins creuse pour permettre une ouverture ou non, avec un manche plus ou moins prononcé, avec une rigole d’écoulement de taille différente ou pas.
Le combustible est toujours issu de la graisse animale y compris celle des os spongieux et de la moelle. De récentes expérimentations ont montré l’intérêt des foyers alimentés par les os d’animaux, ils durent très longtemps. Les mèches des lampes sont d’origine végétale dont les mousses, les brindilles, les champignons.
Actuellement, on dénombre en France quelque 300 lampes d’origine préhistorique. Elles sont majoritairement en grès. Seulement 10% sont pourvues d’un manche.
Parmi les contraintes les plus notables pour gérer les lumières dans les grottes profondes, il faut imaginer que la lampe à graisse doit toujours être surveillée pour s’assurer que la mèche est toujours en contact avec le combustible et pour recharger le godet en graisse.

De l’huile pour ma lampe

Les lumières de l'huilePendant l’Antiquité, les lampes apparaissent beaucoup plus sophistiquées. Elles ne sont plus taillées ou aménagées dans du grès mais façonnées en terre cuite. Elles prennent alors la forme d’un récipient totalement fermé avec deux trous aménagés, l’un pour le remplissage, l’autre est placé sur le bec pour le passage de la mèche. Cette opportunité de fermer le récipient s’est imposée car ce n’est plus tant de la graisse que l’on brûle mais de l’huile.
L’ âge du bronze avait déjà livré des lampes enfermant le combustible semblables à de petites bouteilles. Des archéologues avaient pensé qu’il pouvait s’agir de gourdes ou de biberons.

Les lampes de l’Antiquité en terre cuite suivent souvent la même forme. Elles sont rondes, plutôt plates, ne dépassent pas 10 centimètres de diamètre et sont souvent décorées. Par exemple, à Rome le décor peut être fait de gladiateurs. A Délos, des lampes possédaient un décor géométrique ou végétal, parfois figuratif. Le trou de remplissage a un renflement pour ne pas perdre d’huile. Le décor est organisé autour de ce renflement, ce sont des pétales, des stries, des petites bosses, des feuilles et quelquefois des reproductions de masques comiques ou représentations mythologiques comme des taureaux ou des lions.
Au vu du volume de combustible et de la taille de la mèche, on considère qu’une lampe à huile fournit une lumière pendant deux heures et demie. La flamme n’est pas très grande et correspond à celle d’une bougie.

Une lampe pour chacun, les lumières de l’Antiquité

Lampe à huileAu-delà de la forme la plus répandue, étant passés du tournage au moulage, les potiers de l’Antiquité ont fourni des lampes avec une grande variété de formes : des aménagements pour la préhension, un panneau vertical pour la réflexion. Parfois sur les grands réservoirs, il peut y avoir deux ou trois becs.
La période hellénistique marque un tournant dans la production des lampes à huile. D’un part, le tournage cède définitivement la place au moulage, d’autre part, la technique du moulage propulse sa fabrication dans une ère industrielle qui est portée par une demande très croissante. Au fur et à mesure, les populations quittent les campagnes pour les villes où les habitudes ne sont plus forcément calées sur la course du soleil.

Les lampes à huile, en terre cuite ou en métal, vont avoir une pérennité de plusieurs siècles.
Elles sont un accessoire indispensable de la vie des gens de qualité. Pour lire, prendre part à un jeu de société, participer à un salon avec Madame du Deffand, éclairer toute pièce de vie ou lieu de passage.
L’objet technique qu’est une lampe à huile en métal va recevoir de très beaux décors et pourra ainsi être placée bien en vue dans les plus belles pièces de la maison.
Cependant l’inconvénient majeur de la lampe à huile se trouve dans la viscosité du combustible. La mèche ne tient pas toujours allumée. A partir de 1780, le système s’améliore. Le réservoir est placé de côté et plus haut que la mèche, cela force la capillarité pour mieux alimenter la mèche. D’autre part la mèche n’est plus plate mais cylindrique, ce qui induit une meilleure combustion.

Au clair de la lune

les lumières de la chandelleParallèlement, les chandelles vont connaître une utilisation plus discrète pour l’histoire. Elle se consume et disparaît.
Les temps anciens ont produit des chandelles. C’est facile, on enroule une mèche faite de brindilles ou de fibre végétale avec de la graisse, de la cire ou tout mélange combustible solide. La première contrainte est que le combustible ne doit pas fondre avant de brûler, la seconde contrainte réside dans l’obligation de la placer dans un porte-chandelle voire un chandelier.
La fragilité de la flamme de la chandelle qui est assez petite nous pousse à croire qu’il s’agissait surtout d’apporter les lumières à l’intérieur.
Dans son œuvre, L’homme qui rit, Victor Hugo décrit la chandelle comme un moyen de peu pour donner le maximum « Il fait nuit ; une main pose une chandelle, vil suif devenu étoile, au bord d’une ouverture dans les ténèbres ».
Les chandelles sont une part importante du budget d’un foyer modeste au siècle des Lumières.
Au siècle suivant, la chandelle fait un bond en avant, elle devient bougie. En 1825, les composants graisseux comme le suif sont remplacés par l’acide stéarique. La bougie est d’une belle blancheur et sa combustion est sans odeur et sans fumée. La bourgeoisie va tout de suite adopter la bougie qui est un signe incontestable de confort et de progrès. C’est l’accessoire indispensable de toutes celles et ceux qui lisent des livres et écrivent des lettres.

La si blanche bougie

BougieLes bougies ne font pas concurrence à la lampe. Le prix d’une lampe et son entretien peuvent être un frein à son achat pour certains foyers qui restent fidèles à la bougie. Les suspensions portant bougies sont très présentes dans les intérieurs bourgeois du XIXè siècle. L’usage et le statut de l’usager d’une lampe ou d’une bougie sont indifférents au lieu qu’elles éclairent et qui elles éclairent. Dans cet ensemble complexe, l’une et l’autre sont complémentaires au sein d’une même maison. Le décor des candélabres et des suspensions font le lien entre les lumières et les conditions de vie des habitants.

La lampe à pétrole

lampes à pétroleLa lampe à pétrole est imaginée sur le modèle de la lampe à huile. Elle apparaît vers 1853. Son principe est simple, un réservoir surmonté d’une mèche et d’un tube de verre qui protège la flamme. Le pétrole lampant possède une fluidité parfaite pour remonter avec aisance par la mèche sur une dizaine de centimètres. Cette fluidité rend la flamme plastique. C’est-à-dire que l’on peut facilement régler son intensité pour augmenter ou abaisser la lumière. L’immense avantage de la lampe à pétrole sur toutes les autres sources de lumières artificielles est son prix de revient. Un modèle sera adapté pour en faire une lampe tempête, celle qu’on a toujours un grand plaisir à allumer lors des soirées dehors.

Un dîner aux chandelles

ChandelierAujourd’hui, on aime encore s’éclairer à la flamme. On place des bougies sur la table des fêtes de fin d’année, on installe de grandes torches dans le jardin et la lampe tempête reste dans l’idéal de la soirée sur la plage et du campement en toile de tente. Nos imaginaires sont nourris de ce temps pas si lointain où les zones rurales après-guerre n’étaient pas toutes raccordées à l’électricité. Cette nostalgie de la soirée autour du feu de cheminée ne doit pas nous faire oublier que pour ceux qui travaillaient la terre et s’occupaient des bêtes, l’arrivée de l’électricité a été un énorme progrès et un nette amélioration de leurs conditions de travail.

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